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Comme une héroïne 2
17 mai 2010

Dans le terrier du lapin blanc

J’ai pris le train avec le cœur léger, soulevé par la foi. Heureuse de décrocher du boulot et de quitter Métropolis, heureuse d’aller boire un café avec Messiaen, heureuse de retrouver les bras de Jean De pour 48h pleines.
Mais à peine ai-je passé le pas de sa porte, que le voile de l’illusion est aussitôt tombé. Ce tressaillement de bonheur n’était qu’un tressaillement, en rien une promesse. J’ai ri, Jean De s’est vexé pour un rien, et nous avons recommencé à nous balancer des piques. Nous avons malgré tout fait l’amour avant de rejoindre Messiaen. Naïvement, j’ai eu l’impression que nous avions passé un agréable moment tous les trois, car ils ont discuté d’une multitude de choses auxquelles je n’entendais rien. En réalité, Jean De m’en a un peu voulu de l’obliger à infléchir son programme pour voir une personne dont la posture éthique et les goûts musicaux se trouvent à l’opposé des siens.

Bien que la soirée soit déjà entamée, Jean De s’est résolu à m’emmener dans le nouveau lupanar que je lui avais demandé de chercher. Je n’avais pas envie de retrouver des lieux déjà connus, associés à une expérience forte, mais à des sentiments très mitigés.
J’ai été agréablement surprise par la décoration orientale et la configuration des lieux, moins labyrinthique que dans les autres lupanars que nous avons déjà essayés. Mais tout au fond de moi, je n’avais pas envie d’être là. Ce lieu, ces gens, ces couples en chasse, qui rôdent autour des alcôves… tout me semblait d’une vulgarité sans fond, d’une grande violence. Cela heurtait quelque chose en moi. Une partie souple, sensible, candide, douce. Je me suis refermée comme une enfant, m’attirant les réprobations de Jean De qui ne comprenait pas cet excès de timidité.

Nous l’avons fait avec un couple. Bof. Je n’ai pas retrouvé la merveilleuse complicité qui m’avait liée à celle qui restera dans mon cœur « la fille de Saint-M ». Après cette expérience très moyenne, j’étais tombée suffisamment bas pour ne plus rien avoir à perdre. Je n’ai donc pas hésité très longtemps lorsque Jean De m’a encouragée à choisir un garçon. J’ai pris celui que je trouvais le plus mignon. Jeune, grand, mince, joli visage, peau très douce. J’ai pris un plaisir fou (et assez malsain, je dois l’avouer) à l’embrasser et à le serrer contre moi. Je me sentais plus avec lui qu’avec Jean De. Cette fois, oui, cette fois, j’ai vraiment eu l’impression de le tromper ouvertement. Prendre du plaisir avec un autre m’a soudain détachée de lui, comme si le lien qui nous unissait perdait soudain de son évidence, comme si son joug se desserrait.

A présent, je me pose une question : si ce n’est pas la fidélité, si ce n’est pas le plaisir, si ce n’est pas la complicité, ni le soutien moral, qu’est-ce qui peut bien faire tenir un couple ensemble ? A l’heure actuelle, je n’ai plus de réponse.
Je suis en train de faire la très curieuse expérience de l’absence de dépendance évidente au sein d’un couple.

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