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Comme une héroïne 2
15 août 2010

Le verre à moitié plein

Ce qui étonne (et les déroute un peu aussi, à vrai dire) souvent les gens à mon sujet, c'est mon aptitude à sombrer sans que l'on comprenne pourquoi dans les plus noires abîmes... et à en rejaillir sans crier gare, forte et rayonnante d'optimisme, comme régénérée par ma descente aux enfers. On appelle ça une tendance maniaco-dépressive, me semble-t-il. Je parle seulement de tendance, parce que mon cher et tendre psy ne valide pas ce diagnostic.
J'oscille donc entre le découragement le plus total et une détresse à coeur fendre, et de brusques regains d'énergie qui m'aident à renaître et me réinventer sans cesse. Étonnamment (et heureusement pour moi!), les gens ne retiennent souvent que cette partie-là, la partie phoenixale. Sans doute parce que c'est un déploiement inattendu, flamboyant et d'une rare intensité. Un vrai spectacle pyrotechnique.

L'étincelle vient parfois de rien. Une bonne nuit de sommeil. Une soirée avec un être aimé. Une rencontre stimulante. Un mail. Une phrase que j'ai trouvée belle ou gorgée de sens comme un fruit mûr l'est de sucre. Une chose belle, entraperçue dehors ou sur le net. Ce matin, l'étincelle a par exemple été le making off d'une tournée, l'univers d'un groupe de musique. J'ai regardé toutes les vidéos. Je me suis imprégnée des ambiances, des couleurs. Je me suis repue de beauté et d'inspiration. La poésie flotte encore dans l'air.

J'ai repensé à cette histoire avec Jean De. Hier, j'ai passé la journée à me triturer l'esprit à son sujet. A me demander "et si maintenant que la tension sexuelle est retombée, il n'en avait plus rien à foutre? Et si on avait seulement baisé pour la dernière fois, pour que nos corps se disent adieu? Et si cette fois, c'était bel et bien fini?"
Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est fini. Peut-être. Ou peut-être pas. Et quand bien même, ce ne serait pas dramatique. On se pose quand on est prêt. Quand on est bons l'un pour l'autre. Si ce n'est pas le cas, alors peut-être qu'il valait mieux s'arrêter, finalement.
Je me suis rendue compte qu'au lieu de me prendre la tête toute seule dans mon coin, je ferais peut-être mieux de lui poser la question, tout simplement. Sans agressivité, sans porter de jugement. Juste pour pouvoir me caler contre le rebord bien droit et bien solide de la vérité. Parce que c'est cela qui est formidable avec Jean De: quand on lui pose une question, aussi personnelle et embarrassante soit-elle, aussi blessante que puisse être la réponse, eh bien au lieu de se braquer et de se refermer comme une huître, il répond toujours. Et honnêtement en plus.
Même si j'ai perdu un homme, j'ai conservé un ami. Et ça, ça vaut carrément le prix du billet!

Ce matin, dans ma salle de bain, j'ai aussi pris conscience de quelque chose. Oui, c'est parfois pénible et épuisant de se heurter sans cesse à une personnalité aussi différente, à une manière de pensée si éloignée de la mienne. Epuisant de me faire critiquer sans arrêt pour des motifs qui m'échappent. Comme cet après-midi où j'ai insisté pour qu'on quitte enfin l'hôtel et qu'on aille déjeuner en ville, parce que je voulais profiter du beau temps et du sud. Il n'a cessé de ronchonner parce que je tenais absolument à l'entraîner dans les petites rues et que je ne retrouvais plus la place que je cherchais. Il m'a ensuite engueulée parce que je n'arrivais pas à choisir entre 3 restaurants identiques, et nous avons fini par manger dans un silence pesant.
Sur le coup, je n'ai pas compris pourquoi il m'avait reproché d'hésiter autant. Pourquoi j'ai hésité? Parce que tous les restos se ressemblaient, et que je savais déjà ce que je voulais manger (une salade), donc l'endroit n'avait aucune importance à mes yeux. De plus, après l'avoir entendu bougonner tout le long du trajet, visiblement mécontent d'avoir cédé à mon "caprice", je n'avais pas spécialement envie de prendre une initiative de plus, de peur de me heurter à un nouveau sursaut de mauvaise humeur... Ce que j'aurais du comprendre à ce moment-là, c'est qu'il avait juste besoin de ronchonner, point. Parce qu'en dépit de ses efforts (trompeurs!) pour donner le change, il était encore malade, fatigué, et il avait juste envie de rester au lit avec moi. Il a donc sauté sur la première occasion de m'adresser une critique. Si je lui avais imposé d'office le restaurant, il aurait sans doute trouvé à y redire aussi.
Voilà, il a fallu que je réfléchisse beaucoup, à tête reposée, pour comprendre ce qui se cachait réellement derrière sa réaction complètement absurde. Je discerne maintenant (un peu trop tard, certes!) comment j'aurais du réagir: calmement, sans me braquer, le remettre à sa place en douceur, lui prouver que j'ai compris son besoin et l'inviter à profiter de l'instant. Il m'aura seulement fallu une semaine!!!
Quoi qu'il en soit, sous ce nouvel éclairage, la scène m'apparaît différemment. Je ne vois plus le verre à moitié vide (putain, mais c'est trop chiant d'avoir cette personne incompréhensible en face de moi!), mais le verre plein à ras bord (waouh, que c'est passionnant d'être confrontée à quelqu'un de complètement différent!).

Oui, aujourd'hui, j'ai complètement cessé de pester contre tout, de tout trouver injuste et imparfait. Aujourd'hui, je trouve que les choses sont tout simplement bien faites, et j'en suis très contente.

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