Idiote

Je suis une idiote. Une idiote qui ne sait pas quand elle doit cesser de se poser des questions, accepter, se taire, et laisser faire les choses. Du coup, j'ai bêtement rejeté la perche que Jean De me tendait.
Je suis une idiote. J'ai honte de l'être autant, et de lui causer tant de peine au passage. Je ne pourrai vraiment m'en prendre qu'à moi-même si je finis vieille et seule. Mais, je dois bien l'avouer, n'ai-je pas tout fait pour que ça plante?...

Toujours un peu malade. Je me réveille avec un bon gros mal de tête tous les matins, on fait mieux pour commencer la journée. En revanche, je ne pleure plus. C'est une étrange sensation de soulagement, finalement, que me procure cette rupture. Parce que mine de rien, cette relation me mettait une pression dingue. Jean De est une personnalité épuisante. Très exigeant, susceptible, peu tolérant, parfois trop insistant. Or j'ai besoin de temps et d'énergie pour m'installer dans ma nouvelle vie: déménager mon ancienne chambre, en trouver une nouvelle, écrire mon mémoire, faire mes premiers pas dans mon nouveau job, apprivoiser ma nouvelle ville, renouveler mon cercle de connaissances. J'ai l'impression d'avoir les mains plus libres, les coudées plus franches en le sachant en retrait.

On dirait qu'il me reproche de vouloir gérer les choses toute seule et de refuser d'aller vivre chez lui. Mais je sens que c'était la meilleure chose à faire. Pour moi comme pour lui. Je lui épargne le stress des premières semaines. Je lui prouve que je suis indépendante et que je ne me sers pas de lui. Je nous permets de prendre notre temps.
Je suis étonnamment calme et confiante à propos de toute cette histoire, allez savoir pourquoi. Est-ce une illusion profonde dans laquelle je me coule pour me rassurer, ou une certitude bien enracinée, parce que cette relation NE PEUT PAS se terminer comme ça?

Hier soir, je lui ai envoyé un mail pour tenter de rattraper le coup. Toujours pas de nouvelles. J'attends. Je reste patiente. Je me dis que la situation finira par se débloquer. Que nous avons juste besoin de temps. Au pire, les choses seront plus faciles quand je serai sur Gotham. Ne pas paniquer, surtout, ne pas paniquer. Ca me fait faire des conneries.